« Nudity is God’s creation »
Notre projet de marque se base autour d’une collection à concevoir entièrement, des vêtements et accessoires présentés de façon cohérente dans un cadre bien défini. La nôtre représente toutes les facettes de l’ADN de la marque puisqu’elle en est le fondement même. On se positionne entre le souci de liberté et celui de la planète, une identité très ancrée qui va permettre de véhiculer un message fort.
La collection est entièrement pensée et conçue par Chanel qui avait des idées bien précises dès le départ de ce qu’elle voulait créer, lever la voix à la liberté du corps dans une extravagance glamour par des tissus nobles tout en mouvement et transparence. C’est un message pour tous et le noyau de notre marque, un rétro qui émancipe le corps. Encore aujourd’hui les femmes par leur tenue peuvent être jugées, restreintes et doivent se justifier d’une silhouette de guêpe ou d’une poitrine bien ferme. Il y a au 21ème siècle les débuts d’un changement, la continuité d’une émancipation, des associations se mobilisent pour défendre les femmes mais ce n’est pas suffisant. Le corps est tantôt vu comme corps-objet, corps-naturalisé, corps-sexué, corps-violenté, corps-résistant, corps-exposé dans de multiples domaines, il s’installe alors un processus d’émancipation ou d’oppression des femmes, et des hommes.
En novembre dernier Chanel débute la collection par des planches d’inspirations « moodboard » composées d’images de tout ce qui attire les sens et les goûts, de l’architecture au design pour capter le style et le message à véhiculer. La collection était évidente pour elle, qui voulait mettre en lumière des causes, des femmes et des hommes qui manifestent et revendiquent. C’est après beaucoup de patience et de travail qu’elle a été sûre de la direction et de l’univers, merci à ses intervenants en style qui l’ont guidée. Le nom de la collection vient d’une pancarte de manifestante dans les années 70 « Nudity is God’s creation » tenue bras levés, ce slogan a tout de suite été une évidence. Le combat des femmes, la libération du corps, les coupes seventies, tout est lié à travers cette image.
Nous avons voulu des visuels impactant, des imprimés de corps en images en série, de la fluidité et de la transparence. La difficulté pour Chanel était de trouver l’ambiance avec le style de chaque look, elle qui avait déjà tout en tête est partie de 5 silhouettes qu’elle a décliné en 25, puis 15 et finalement 6 ont été validées pour la collection. Il a fallut de l’expérimentation, de nombreuses esquisses et des croquis pour en arriver aux silhouettes finies. Dessiner, effacer, corriger, styliser, mettre en scène, l’acceptation, le refus, les changements… La collection ne cesse d’évoluer en quelques mois.
La gamme de couleur détermine les tons de la collection, Chanel a choisit le nude et chair pour le rappel au corps, la confusion du vêtement avec la peau, des nuances de noir, blanc et bleu pour les impressions, puis les couleurs, or, rose et crème. Il s’en suit l’élaboration et le sourcing des matières pour une cohérence au sein de la collection. Le denim est un rappel des années 70, le satin polyester et satin de soie pour le glamour hollywoodien, l’organza de soie pour l’appel à la nudité et la transparence. Ensuite il y a des transformations tissus avec des travaux par des plis, des fronces, des sur-piqûres, ce sont des tests indispensables afin de voir si c’est vraiment ce que l’on souhaite. La base pour la plupart des designers n’est pas forcément le dessin et le croquis, beaucoup travaillent en moulage directement à partir du tissu. Chanel, elle, dessine avec sa fibre artistique, un talent dont elle n’a pas idée, puis elle travaille avec le tissus choisit, le tombé des vêtements et la coupe de chaque produit en fonction des croquis, les proportions viennent ensuite.
C’est une collection pour un message, le corps, et une bataille, sa liberté, l’expression d’un combat en perpétuel mouvement, une identité propre à la marque.